Éco anxiété
L'angoisse surgit lors de la prise de conscience de l'effondrement et de l'inéluctabilité de la fin d'un monde, voire du monde.
l'homme devient conscient de l'effondrement en lien avec sa fin dernière qui est inévitablement la mort. Cette prise de conscience est source d'angoisse (terreur d'Irvin Yalom) ; la peur et la réaction d'abandon se déclenchent et l'angoisse devant le danger mortel se trouve introduite au cœur même de la vie.
Cependant un processus de spiritualisation est mis en place par l'imagination pour pallier les réactions d'effroi et d'abandon (sentiment de solitude, de finitude, de précarité de la vie et d'absence de sens). L'élan vital, en se spiritualisant crée les moyens de sublimer l'angoisse de la mort et la convertit en un sentiment métaphysique et sacré.
La menace appréhendée provoque en premier lieu un effarement immédiat suivi d'un sentiment que la mort n'est pas seulement un phénomène d'anéantissement, mais que son aspect inexplicable concerne l'au delà de la mort. La vie elle-même ne pourrait exister si « l'au delà » de son commencement et de sa fin n'était qu'un néant. La mort est autant phénomène existant que mystère et c'est en cela qu'elle est source d'angoisse. Le sentiment d'anéantissement et d'effondrement fait partie de notre humanité.
Dans le mythe, Prométhée rejoint les dieux signifie qu'il désire l'accomplissement pour s'affranchir de l'angoisse de la mort-effondrement en découvrant du sens à sa vie. D'une certaine manière, en lui découvrant du sens, la vie se prolonge ainsi au delà de la mort et l'effondrement de l'existence ne peut être conçu comme absolu. Les valeurs immanentes se trouvent symboliquement transcendées vers un au delà très puissant et l'angoisse n'est elle-même qu'une manifestation de la vie.
Cette prise de conscience conduit à l'évolution en laissant émerger d'autres valeurs qui vont donc caractériser cette évolution, devenir de nouvelles références.
L'angoisse in fine pourrait agir comme principe créateur faisant évoluer les valeurs et aboutissant à la joie comme résultante d'une harmonie nouvelle. L'exigence de conservation de l'espèce ne concerne plus le corps mais l'esprit qui l'anime.
D'un point de vue de la société, celles-ci s'organisent autour des besoins de sécurité et d'organisation économique et l'âpreté de la lutte pour les biens matériels finit par diviser les membres de chaque société en oppresseurs et opprimés. La question se pose de savoir comment refaire société à partir des nouvelles valeurs émergentes. L'utopie matérialiste est le trait caractéristique commun à la période du déclin de toutes les époques culturelles. Mais comme il a été mentionné plus haut, ce trait est signe de décadence mais également d'un renouveau et ce renouveau après effondrement d'une culture n'a jamais été autrement trouvé que par le retour aux valeurs authentiques.
D'un point de vue individuel l'angoisse qui n'est pas conscientisée et donc non libérée aboutit au refoulement. L'angoisse de l'anéantissement devient obsédante et se convertit en activités orientées vers la réalisation de désirs non essentiels. Autrement dit « le refoulement est compensé par l'exaltation des aspects séduisants de la vie banalisée ».